Voyager, pourquoi faire?

Depuis quelques années je fais quelques voyages. Rien de comparable avec un tour du monde (TDM) mais visiblement cela suffit pour intriguer mon entourage et mes voisins. C’est sûre qu’originaire d’un bled de 80 habitants, personne ne s’attendait à ce que je parte travailler à Madagascar ou voyager avec mon sac à dos en Inde. Certain m’ont même dit  » mais qu’est ce que tu fuis Myriam? ». Comme si aimer découvrir la Terre et ses habitants était une fuite.. moi je dirais surtout que c’est un moyen exceptionnel pour voir des paysages somptueux, rencontrer des gens, connaître de nouvelles culture etc.

Qu’importe. Souvent je vois sur les réseaux sociaux « pourquoi voyager »?
Qu’est ce que le voyage? Pourquoi je voyage?

Au début c’était surtout pour me relaxer après une année difficile. Et ensuite aussi parce que je voulais connaître la religion hindou et leur rapport à la vie, à l’existence et à la mort. Bon évidemment ça n’a pas trop fonctionné à part entendre à longueur de temps « c’est le karma, c’est comme ça », lorsqu’une personne meure/tombe malade, et bien j’ai finis par l’intégrer. ça ne m’a pas sortis de mes angoisses existentielles mais ce fut un bon début.

A présent c’est vrai j’ai un peu changé d’objectif de voyage. Déjà je pars à l’étranger pour travailler dans des associations (et pas juste 2 semaines sur 6 mois de voyage). Si je pars, c’est pour travailler et je prend des petites vacances sur mon temps de boulot. C’est vrai qu’à présent je n’ai qu’une angoisse: que cela cesse. Pourtant j’adore être chez moi, profiter de ma famille, de ma maison, de mes animaux. J’adore passer 3 heures près du feu à lire ou à préparer des gaufres, j’adore faire des cartes pour les envoyer à des êtres chers, j’adore m’allonger dans mon lit le soir et me dire que quand même, j’ai la chance d’être née en France.

Toutefois, je n’arrive pas à mettre le doigt dessus, mais ça ne me suffit pas. Lorsqu’on me dit « ah ben à ton âge il va falloir trouver un chéri, faire des bébés, acheter une maison etc.. » mon dieu je sens une bouffée d’angoisse.. j’en pleurerai. Vraiment ça me terrifie de savoir qu’un jour j’aurai une maison, un boulot fixe, que j’aurai une routine, des enfants à emmener à l’école, à récupérer, à occuper le mercredi après midi etc.

Je comprend tout à fait les gens qui se plaisent dans cette situation, parfois moi même j’adore la routine et ça me rassure, comme si la routine était une bonne couette chaude dans laquelle je m’enroule. Je rêve d’avoir une maison un jour, un verger pour faire des confitures et des compotes, avec plusieurs chiens achetés à la SPA, un amoureux qui partage mes convictions et mes combats. Mais si pour avoir ça je devais arrêter de voyager? Si je ne pouvais plus partir quand ça me chante? J’entends déjà des hurlements…: « ahhh mais tu crois quoi Myriam?? Que c’est ça la vie? Comment ils font les autres? ».

En fait je crois que la plupart des « autres » font un boulot qu’ils n’aiment pas forcément, se tue au travail, choppe des cancers et autres saloperies parce que ledit travail est stressant. Et moi je ne veux pas ça. Moi je ne veux pas me lever le matin en me disant « putain faut que j’aille bosser ». Je ne veux plus pleurer parce que je me fais insulter ou tripoter au boulot, je ne veux plus pleurer de douleur parce que mon corps ne suis plus le rythme que je lui fais subir quelques semaines par an pour quelques euros. Est-ce que c’est égoïste? Parfaitement. Et alors?

Voyager m’a permis d’acquérir un peu plus de « tolérance » envers autrui et même si je ne suis pas d’accord avec la manière dont vivent les gens que j’aime, je n’irai pas leur dire que leur vie est merdique. En France on ne se gêne pas pour ça. On ne se gêne pas pour lever les yeux au ciel lorsque son interlocuteur affirme vouloir repartir en voyage. On ne se gêne pas pour lui dire « mais quand est ce que tu vas commencer à travailler? ».

Je crois que c’est en Écosse que j’ai découvert cette liberté là. Les gens se font tatouer et piercés sans même que ça pose de problèmes à qui que ce soit. Même pas à leur employeurs. Lors d’un entretien d’embauche l’employeur n’a même pas le droit de demander votre âge.

En France on veux tout cloisonner. Il faut être bien comme il faut, être bien habiller, avoir les bonnes chaussures, la bonne culture. Il faut tout faire dans l’ordre. Les études, le chéri, la maison, les bébés, le divorce.
Savez vous qu’en Israël le service militaire est obligatoire pour les femmes comme pour les garçons? Et qu’après ce SM la plupart des jeunes partent à l’étranger avant de commencer leurs études?
Dans certaine culture les jeunes choisissent aussi leur mode de vie. Les Amish, une communauté religieuse surtout présent en Amérique du Nord « libèrent » leurs jeunes durant un an lors du rumspringa pour leur permettre de voir le monde moderne et de choisir sa manière de vivre.

Pourquoi en France nous ne pouvons pas fonctionner de cette manière? Pourquoi le fait de voyager est considéré comme un mode de vie « particulier »? Pourquoi est ce qu’on ne peux pas vivre comme nous en avons envie? A quel moment a t-on signé pour vivre une vie identique aux autres?

Alors oui effectivement (et ça contrairement à ce que disent beaucoup de voyageurs au long cour), voyager, ça n’est pas la vrai vie. Effectivement j’ai la chance de voyager parce que d’autres restent. Si tout le monde se barrait tous les 6 mois pour faire un tour du monde, ça serait compliqué d’arriver à faire tourner un pays. (plus de médecin fixe, du personnel non qualifié à former tous les 6 mois, une économie basée sur la sédentarité qui s’envolerait..).

Par contre ce que je sais c’est que voyager n’est pas le rêve de tout le monde. On peux aimer partir en vacances 3 semaines mais voyager 3, 6 ou 24 mois n’est pas donné à tout le monde.

Ce que je sais aussi c’est que le voyage m’a appris des choses (par contre les phrases psychologies de vaisselle du genre « c’est le voyage qui nous forme, on se découvre qu’en voyage » etc. ça n’est et ça ne sera jamais mon leitmotiv).

J’ai appris à devenir plus adulte, à respecter autrui, comprendre des problèmes politique, culturel, j’ai appris à me démerder seule, à devenir patiente, à devenir plus humble, j’ai appris à respecter encore plus la nature (alors que j’étais déjà une défenseure acharnée de notre planète!!!). J’ai appris à m’affirmer, à prendre confiance en moi, à savoir dit ce que je pense tout en respectant l’autre, j’ai appris à dire les choses posément, sans agressivité. J’ai appris à écouter, respecter la parole de mon interlocuteur, à reconnaître mes erreurs (bon il y a encore pas mal de chemin).

Tout ça je l’ai acquis en voyage. Peut-être l’aurais-je appris en travaillant et en restant en France mais en combien de temps? J’ai fais bien plus de « progrès » depuis mes voyages que lorsque je bossais en cuisine ou en saison.

Oui je voyage et j’adore ça et non je n’ai pas l’intention de me lancer dans la vie active tout de suite. Ce que je vois et ce que je fais remplis déjà ma vie et je l’aime comme ça.

A présent voyage me permet de changer le monde qui m’entoure et de rallier mon entourage à ces causes là. J’aide depuis 2 ans une association malgache, je vois sur le terrain ce que j’ai réussi à faire et à changer, surtout avec le concours des personnes qui m’entoure, et je suis fière de ce que je fais.

Voyager me sers à moi, égoïstement mais à présent ça sert aux autres.

Il faut de tout pour faire un monde et le mythe « sédentaire » contre « voyageurs » ça ne fonctionne plus. Nous nous apportons chacun mutuellement quelque chose.

En tant que sédentaire votre vie n’est pas plus intéressante que la mienne et en tant que voyageur ma vie n’est meilleur que la votre. Sédentaires, vous savez faire des choses que j’ignore et de mon côté j’arrive à me doucher avec 1 litre d’eau.

Chacun ses acquis, chacun ses victoires.

Je suis heureuse de voyager et de transmettre mes connaissances et je suis contente lorsque je râle contre certaines personnes et « leur vie de merde » (télé, boulot, tablette) ma mère me remet à ma place en me disant « mais si ils aiment leur vie, n’est ce pas le principal? »

Ma mère est la sagesse incarnée des fois. Elle a toujours rêvé d’aller au Japon (elle n’y a jamais été, en plus elle est claustrophobe et partir 3 mois à travers la monde en voiture pour relier Tokyo n’est pas vraiment dans ses priorités) finalement est restée dans la marne et en fait quelques fois elle a des paroles bien plus intelligentes que n’importe quel baroudeur qui a rencontré des tribus oubliées.

Alors à ce moment là ça me conforte dans mon idée qu’on a pas besoin de partir loin pour avoir l’esprit ouvert et la tolérance dans nos cœurs.



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