Le beurre de karité de Korhogo

Le beurre de karité je l’ai connu en France. Je n’ai jamais bien compris pourquoi tout cet engouement autours de ce cosmétique parce que ceux que j’avais essayé n’était pas géniaux: la texture ne s’étalait vraiment pas bien, ça n’hydratait pas et l’odeur n’était pas géniale.

Depuis que je suis ici, j’ai un peu changé d’avis. Ici, en Côte d’Ivoire, le beurre de karité est premièrement vraiment très jaune. ça change de la couleur biscuit cuit que j’ai pu voir en France! Au niveau de la texture, c’est un vrai plaisir de l’utiliser, parce qu’il s’étale super bien, il fait des merveilles sur les crevasses que j’ai sous la plante des pieds (ou quand j’ai pris un petit coup de soleil) mais en revanche, l’odeur est pire que celui qu’on trouve en occident (j’ai lu dans un article, d’une entreprise française qui en vend, que le beurre de karité est retraité en France afin de coller aux habitudes des françaises, donc il n’a pas particulièrement d’odeur). Ici le beurre de karité sent vite le rance, même s’il ne l’est pas.

En Côte d’Ivoire le beurre de karité est fabriqué au nord et lors de mon voyage à Korhogo, j’ai pu visiter une « usine » de karité. On appelle ici usine tout endroit où l’on fabrique quelque chose en quantité plus importante que pour la famille. Je suis allée voir la Coopérative de Tcheregnimin. C’est une grosse coopérative puisqu’elle regroupe près de 140 femmes qui travaillent en petit groupe. Le matériel et le terrain sont mis en commun. Pour y aller on est passé par des chemins dégueulasses rempli de déchets, étant donné que le dépotoir n’est pas loin. Et arrivée sur place, on ne peut pas dire que l’endroit soit propre et donne envie d’acheter. Franchement, si vous êtes à cheval sur l’hygiène, ne regardez pas certaines photos.

Les femmes de la coopérative ne ramassent pas elles-même les fruits: elles achètent les coques à d’autres coopératives de femmes situées le plus souvent en brousse.

Petit aparté sur un sujet que je n’ai pas vu de mes propres yeux mais que j’ai vu dans un reportage: l’arbre qui produit les noix de karité s’appelle … le karité. Tout simplement! Il met longtemps à pousser et commence à produire seulement au bout de 15 à 18 ans! Étant donné que ça n’est pas rentable pour un agriculteur de planter ces arbres, il n’existe pas de plantation. Tous les fruits ramassés le sont au pied des arbres sauvages (d’ailleurs le karité est une espèce protégé) qui eux peuvent vivre jusqu’à 2 siècles! Voilà pour la page culture. Revenons en au beurre.

Lorsque les fruits arrivent, ils ont encore leur coque et doivent sécher pendant un temps. Je n’ai pas vu cette partie: les fruits sont ramassées de juin à septembre et sont séchés et décortiqués à ce moment là. On obtient donc la noix, à laquelle on enlève l’enveloppe pour avoir l’amande. Lors de ma visite, je n’ai vu que les amandes. Celles-ci sont lavées à grande eau, séchées pour être broyées et donner une poudre grossière. Cette poudre est ensuite torréfiée puis repassée dans un broyeur qui transforme le tout en pâte très liquide, semblable à du chocolat liquide. Cette pâte est délayée dans de l’eau et barattée à la main par les femmes (elles doivent avoir de sacré biscoto… pas sure que les hommes leurs cherchent des noises). Ensuite, une fois que c’est bien dilué, la préparation est chauffée. Le beurre et les impuretés sont séparés et toutes les impuretés tombent au fond de la marmite. Le beurre est en fait de l’huile, puisque c’est très liquide. Cette huile sera filtrée et une fois refroidie donnera le beurre de karité. Les impuretés qui ont été retirées de la préparation seront transformées en boules qui seront par la suite utilisées pour chauffer les fours qui torréfient les amandes.

3kg d’amandes donnent 1 kg de beurre. 1kg de noix de karité coûte 110f (0,165€). 1kg de beurre de karité coûte 2,25€ lorsqu’on l’achète à l’usine en tant que particulier.

En bas de cet article vous pouvez voir une vidéo d’une femme qui baratte avec ses bras la pâte marron mélangée à l’eau.

Revenons sur cette image. Je pourrais être mauvaise langue et étaler ma misandrie en disant « ah bin c’est bien un homme ivoirien lui, il en branle pas une, il est assis tranquille pendant que les femmes font le boulot physique » MAIS ! même si ça a un fond de vrai (oui, pourquoi les femmes n’ont pas cette place?) honnêtement dans cette cahute il y faisait si chaud (toit en tôle + machine qui tourne à plein régime) et le bruit était si fort que c’était vraiment difficile de rester plus de 5 minutes dans la cahute. Je suis sûre qu’il devait bien faire 37°. On ne le voit pas sur la photo mais à 6 mètres il y a au moins 3 four qui tournent à plein régime. Vous pouvez voir une vidéo (avec le son pour comprendre le bordel que peut faire cette machine infernale) en bas de cet article.

Les déchets de beurre de karité sont mis dans des trous creusés dans le sol puis malaxé. Combustibles ils permettent de chauffer les four qui torréfient la poudre d’amande de karité.

L’usine est entourée de mur, comporte quelques bâtiments et des abris protégeant du soleil et de la pluie.

J’ai été contente de faire cette visite, ça m’a permis d’apprendre des choses! Le truc que je regrette c’est de ne pas avoir pu parler aux femmes: elles ne parlent pas français et notre guide nous a un peu « poussé au cul » pour qu’on termine vite. A présent je vais tenter de cuisiner avec du beurre de karité, parce qu’en plus d’être utilisé dans la cosmétologie, on peut aussi l’utiliser en cuisine. Reste à savoir comment retirer cette drôle d’odeur. Ma 1ère réalisation sera des crêpes!

Pour plus d’info sur le beurre de karité à Korhogo, j’ai trouvé une vidéo très sympa à lire ici.



Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *