Sauve qui peut! ça va s’effondrer!

Il y a quelques semaines j’entends toquer à ma porte. J’y vais et je trouve Abdou, le gardien de mon immeuble, qui essaie de m’expliquer dans un français très approximatif que « on va détruire un mur ». Bon, ok et du coup? ça va faire du bruit? « oui oui » Est ce que je peux rester à la maison ou je sors « non non ». Bon, je referme la porte et repart à mes occupations. Si le seul problème c’est le bruit, ça n’est pas grave. Sauf qu’en y réfléchissant, du bruit de construction, y’en a constamment. Il y a 2 immeubles qui nous entourent et qui sont en construction donc je ne vois pas où est le problème. Vu qu’Abdou m’a montré avec son bras par où viendrait le problème, je suis monté sur le toit (on a un toit roof top accessible) et je suis allée voir.

Effectivement j’ai vu une pelleteuse qui détruisait un mur. Mais j’ai remarqué que c’était le mur d’un immeuble. Immeuble qui se trouve à 4 mètres du mien. Je me suis dit « mais ils sont dingues, s’ils continuent ça va faire effondrer l’immeuble ». Et là, paf, éclair de génie : Abdou m’a demandé de sortir de mon immeuble pour le cas où, celui qui sont en train de détruire ne tombe sur le mien et que ça fasse boule de neige.

Donc grosse panique: qu’est ce qu’on est censé prendre quand on évacue son immeuble susceptible d’être détruit? En même temps je ne voulais pas passer pour la débile qui a peur d’un rien et déménage son appartement en 2 minutes mais … quand même.

J’ai pris mon disque dur externe (mes photos, mes souvenirs), mes papiers et mon pognon. J’ai complètement oublié mon téléphone portable et mon appareil photo. Bon du coup, je sais que je ne suis pas au point pour les situations d’urgence.

Me voilà donc partie derrière mon immeuble pour aller guigner et comprendre pourquoi un immeuble neuf, terminé après que j’ai aménagé (il y a 2 ans et demi) et habité est en train de se faire tailler en pièce.

Sur place je me rends compte que le rez de chaussée est rempli d’étais qui soutiennent le plafond. Alors que l’immeuble était censé être terminé et qu’il était habité. Et là je vois qu’il manque les fenêtres. Bon, je ni comprend plus rien.

Par je ne sais quel hasard je me retrouve à côté d’un gars de l’urbanisme qui m’explique donc l’histoire.

A côté de cet immeuble terminé et habité, le propriétaire de la parcelle a voulu lui aussi construire un immeuble. Ça, je m’en étais rendu compte parce que la parcelle était remplie de verdure et de grands arbres qui abritaient des oiseaux et perroquets en tout genre et qu’un jour, tout a disparu. Moi qui adorais regarder ces oiseaux, j’ai failli chialer quand ils ont coupé les arbres. Après la coupe à blanc, ils ont creusé. Creusé, creusé. Tellement que quand il pleuvait ça faisait piscine (et croyez-moi, en juin, il pleut beaucoup). Un jour, curieuse que je suis, je suis allée sur le toit pour voir ces travaux et je me suis rendu compte qu’ils avaient creusé très très près de l’immeuble d’à côté. Si près qu’on y voyait les fondations. Je ne suis pas experte en architecture et en urbanisme mais bon… ça m’a quand même mis le doute.

J’ai su que bien que non-experte, effectivement, creuser si près d’une habitation n’est pas l’idée du siècle.

Comme le terrain est un peu en pente, qu’il pleut énormément à Abidjan et que les fondations étaient à nus, et bien l’immeuble a bougé et des fissures sont apparus. Donc évacuation des lieux, relogement, destruction de l’immeuble en péril etc.

Lorsque ça se passe comme ça, le propriétaire du terrain où se trouvent les travaux et qui ont causé des dommages doit :

  • Indemniser les locataires, (700000f -1200€- pour un couple 1200000f pour une famille de 3 etc. Mais entendons-nous bien, ça ne suffit pas à retrouver un logement facilement)
  • Indemniser le propriétaire
  • Payer le coût de la destruction de l’immeuble et de l’enlèvement des travaux.

Tout ça pour ne pas avoir eu 2 sous de jugeote.

Bref, j’étais donc là à écouter l’histoire tout en regardant la pelleteuse détruire les murs de l’immeuble. A un moment donné, les pelleteuses se sont mises sur le côté et se sont arrêtés. Les conducteurs en sont descendus et là, plus rien. Plus un bruit, on attendait. Mais quoi ? J’ai compris lorsque j’ai entendu le bruit d’un énorme câble qui pète et l’immeuble qui s’effondrait après. On parle souvent de château de carte qui s’effondre dans des situations pareilles. Moi je pensais plus à un château de sable. Fragile et lourd à la fois. Le toit est resté tout plat et a glissé pépouze. Je me suis fait la réflexion qu’ils n’avaient pas retiré les rambardes du toit et que c’était bien dommage parce que sur le nôtre, on en aurait bien eu besoin.

Bref, après 2h (ou 1h30, je ne sais plus, ça m’a paru long ^^), on a pu retourner dans notre immeuble où quelque heures après, je prenais les photos qui sont dans cet article.

C’est ce qu’il y a de pire ici je crois. Ton immeuble peut se faire détruire en un claquement de doigt et tu peux te retrouver à la rue comme ça. Aucune construction ici n’est pensé pour durer. Mon propriétaire a fait refaire toutes les peintures de l’immeuble (à cause des moisissure) avec pour argument « ça fait déjà 1 an que l’immeuble est construit, ça fait longtemps, il faut le rénover ». Il y a plus d’un an je visitais la basilique de Yamoussoukro où un ivoirien faisait un live sur un quelconque réseau social et disait « regardez un peu cette basilique, elle est en place depuis 40 ans et rien n’a bougé !! » (Heureusement j’avais envie de lui dire !) preuve qu’il en est que c’est un exploit pour les bâtiments ici de durer.

Bon, voilà la petite histoire du jour.  C’était intéressant n’est ce pas ?!



Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *