Notre emménagement en Côte d’Ivoire

Avec le recul, je me dis que « si j’avais su » j’aurais fait les choses différemment. Je ne sais pas si j’aurais préféré attendre encore 1 an et choisir un pays où je savais que je me sentirais « mieux », je ne sais pas si au regard de tout ce que je sais maintenant, je n’aurais pas choisi un endroit « moins cher » mais ce qui est sûr, c’est que je ne regrette rien.

En début d’année 2021, il s’est passé certaines choses dans ma vie qui m’ont fait dire que j’étais prête pour l’expatriation et que mon compagnon pouvait demander une mutation. Ni une ni deux, on a cherché sur des sites spécialisés. Après avoir fait la liste de ce que nous voulions, c’est à dire être hors Europe, à plus de 4h d’avion et dans un pays assez stable (du coup la République Démocratique du Congo était hors jeu ; ainsi que l’Iran) on a choisi 2 postes : un en Côte d’Ivoire et un au Burundi. Bon, je vous avoue que clairement, j’attendais énormément du Burundi. C’est un pays très peu touristique, où il n’y a pas trop d’expats et où la nature a l’air d’être somptueuse. Au final, c’est le destin qui a choisi pour nous et en 1 semaine mon compagnon était embauché en Côte d’Ivoire. Tous les documents ont été envoyés pour le 31 mars et nous devions encore attendre l’autorisation de son employeur pour partir. Le 3 mai 2021, on a su qu’ on pouvait partir vivre 3 ans à Abidjan. Le jour même j’ai envoyé la résiliation du bail de notre maison pour fin juillet, quelques jours plus tard on se pacsait pour que je puisse avoir accès à la sécurité sociale de mon compagnon (hyper romantique n’est ce pas ?!) et je m’organisais pour quitter mes 6 postes de travail (8 mois après, rien n’est arrangé et je galère toujours avec des papiers qui ne me sont pas parvenus. Un conseil : évitez d’avoir trop de patrons. Il y en a toujours 2 ou 3 qui ne vous fournissent pas les bons documents).

Il a fallu trouver un moyen de stocker nos meubles et mon stock (j’ai un e-commerce de vente d’objet vintage ; je crois que j’ai plus de cartons pour ça que pour moi-même), trouver une entreprise de déménagement, j’ai quand même voulu partir avec notre matelas (et vu la qualité de ce qu’on trouve ici, J’AI EU RAISON !!!), le canapé, des livres (je n’ai eu le droit qu’à 6 cartons. Mon mec n’a pas été très sympa sur ce coup là… il voulait même descendre à 2 cartons… 2 CARTONS!), de la vaisselle et de quoi m’occuper pendant qu’il irait travailler dur.

Bref, tout ça pour dire que les 3 mois et demi n’ont pas été de trop pour organiser tout ce bazar. Qu’est ce qu’on accumule comme merdes lorsqu’on habite une maison ! On s’engueulait tellement que j’ai cru que j’allais laisser partir mon mec tout seul. Et puis j’ai repensé au fait que la plupart de mes affaires étaient dans le container à destination de la Côte d’Ivoire et je me suis dit que je n’avais plus vraiment le choix.

Nous sommes donc partis le 22 aout, 1 semaine après une réunion familiale où j’ai pu dire au revoir à toute ma famille et apprendre par la même occasion qu’un cas de virus Ebola avait été détecté à Abidjan, le 1er depuis 30 ans. Oh joie, oh bonheur ! Bon, je rigole maintenant mais sur le coup, je ne faisais pas la maline. (Séjour au Sénégal en 2014, vague de virus Ebola ; séjour à Madagascar en 2017, vague de peste. Porterais-je la poisse ?!). Évidemment, nous n’avons rien dit autours de nous (mon père n’était déjà pas d’accord pour cette histoire d’expatriation, s’il avait su ça… il m’aurait enfermée dans ma chambre) en serrant les fesses pour que personne ne le sache (mais bon, avec la pandémie du Covid et le fait que tout le monde se fout de ce qui se passe sur le continent africain, on savait que la presse n’en ferait pas de longs articles). Heureusement, quelques semaines après nous avons appris que c’était une fausse alerte. Quel soulagement ! Pour info, le virus Ebola, selon les souches, est mortel dans 25 % à 90 % des cas. Ce virus se transmet même par simple contact cutané. Ça fout la trouille hein?! Autant vous dire que pendant un temps le Covid ne me faisait plus peur du tout.

Jour du départ, direction Orly. Alors si quelqu’un de la mairie de Paris me lit, serait-il possible d’avoir un moyen de transport plus simple pour aller de la gare de l’Est (ou autre) jusqu’à Orly ? Non mais parce que vraiment, ça n’est pas bien pensé cette histoire. On avait 58 kg de bagages chacun et changer 3 fois de transport en commun c’est vraiment la merde. Fin de la parenthèse.

En arrivant à Abidjan, nous avons eu un sublime aperçu des entourloupes et arnaques auxquels nous allions devoir faire face. Notre hôtel nous avait envoyé sa navette avec le chauffeur, chauffeur qui dès l’arrivée nous a suggéré d’acheter une puce téléphonique. Ça partait d’une bonne idée, sauf qu’il s’était associé à des revendeurs à la sauvette qui nous ont pris nos téléphones, on mis 5 € de crédit sur la puce et nous ont demandé 20€. Là, ça m’a un peu gonflé mais pas autant que l’employé d’Orange (l’opérateur) qui est venu leur dire que ça n’était pas honnête, que ça n’est pas comme ça que ça se passait (j’avais eu un doute lorsque je leur avais proposé ma pièce d’identité et qu’ils m’avaient dit que c’était inutile… c’est pourtant obligatoire lorsque vous achetez une puce et ce partout dans le monde). Bref, l’employé d’Orange appelle un mec de la sécurité de l’aéroport, notre taximan commence à s’énerver, il ne nous calcule même plus et se prend le chou avec la sécurité qui finit par lui mettre une baffe et lui dire de foutre le camp. Ambiance ! On a rendu les puces téléphoniques et on s’est barré rejoindre notre chauffeur de taxi qui braillait au téléphone sur ce qui venait de se passer. Il ne nous a pas adressé la parole du court (heureusement) trajet et a conduit n’importe comment.

Donc, arrivés à Abidjan, où tout le monde nous disait de bien profiter du soleil, il pleuvait. Bon, au moins nous n’étions pas trop dépaysés par rapport à la France vu l’été pluvieux qu’on quittait. On a été installés pendant 1 mois dans un hôtel le temps que je trouve (monsieur travaillant) un logement.

Trouver un logement à Abidjan

Alors, pour trouver un logement à Abidjan, c’est … comment dire ? La me-merde ?!

Déjà, et ça nous ne le savions pas, pour visiter des appartements, il faut payer 5000 francs CFA (ça fait 7€) ce qui n’est pas excessivement cher mais il ne faut pas en visiter 10 parce que ça chiffre vite. Souvent ce ne sont même pas des agents immobiliers qui font visiter mais des rabatteurs, qu’on rencontre dans la rue, qui nous font visiter des bouges où je ne logerais même pas 1 mois. D’ailleurs, ces rabatteurs font visiter et demandent le pognon à la fin, comme si c’était acquis qu’on allait payer. Certains de ces logements puaient tellement que j’ai mis mon masque pour atténuer les odeurs, d’autres n’avaient pas les fenêtres qui fermaient, d’autres avaient des fenêtres en bois qui ne fermaient pas non plus (donnant sur un boulevard, autant pour le silence), d’autres avaient des fenêtres donnant sur des murs (mais genre.. on pouvait toucher le mur en face, y’avait 30 cm entre les 2), la plupart ayant des barreaux aux fenêtres (et depuis qu’on m’a raconté à Madagascar, où ça se fait aussi, que des familles entières sont mortes brûlées vives parce qu’elles n’avaient aucun moyen de s’échapper, je refuse catégoriquement les logements avec barreaux aux fenêtres), d’autres qui étaient tellement sombres que même en pleine journée il fallait laisser la lumière allumée, d’autres dans des quartiers où, même en pleine journée, je me cramponnais à mon sac, d’autres où il fallait traverser 1 km de terrain vague dégueulasse etc. Tous ces logements étaient à 900 €. Bref, j’en ai visité pas mal.

J’ai jeté mon dévolu sur une maison (UNE MAISON !!) avec piscine (!!!) pour 750€ pour m’entendre dire le lendemain par l’agent immobilier que finalement la maison n’était plus à louer. Ascenseur émotionnel !

L’un des problèmes était aussi que nous ne savions pas à combien était imposé mon compagnon. Du coup difficile de savoir si le super logement à 1030 € était accessible pour nous ou non. La réponse est non. Effectivement, il a un super salaire sur son contrat, à la fin de l’année, il est censé toucher une prime de 30 % de son salaire annuel… Bref, on se voyait déjà les rois du pétrole. Bon, en fait non… Ici, il est taxé à hauteur 32,23 % (même les primes sont taxées). Autant vous dire que nos rêves de grandeur, nous les avons vite mis au placard. Attention, je ne crache pas dans la soupe, je ne dis pas que je suis miséreuse mais dépenser autant d’argent pour déménager et vivre loin de ma famille, tout ça pour 400 € de plus, je ne suis pas sûre que ce soit un super calcul. D’autant plus que moi je ne travaille pas et vu que je ne suis pas qualifiée, je n’aurai surement jamais de boulot payé plus de 90 € par mois. Oui oui, 90 € c’est le Smic pour les locaux ! On m’a proposé un poste de 40 h par semaine à 168 € par mois. Donc clairement, on gagnait plus en France et on n’a jamais été autant dans la merde financière. Je referme ce chapitre.

Autre chose à savoir sur le logement. Pour avoir droit à un logement, il faut payer 2 mois de loyer d’avance, 2 mois de loyer de caution et mois de loyer pour l’agence immobilière (qui clairement, ne sert à rien). Imaginez pour un appartement à 1000 €… ça, nous n’étions pas au courant et nous avons dû faire un emprunt (sur 10 mois) à l’employeur de mon compagnon pour avoir du cash.

Bref, on a fini par trouver un appartement à temps lorsque nous avons quitté l’hôtel payé par le boulot. On a donc filé les 5 mois de loyer, on s’est installé et … on a découvert des termites dans les boiseries et des rats dans notre appartement. Les fourmis nous envahissaient également : je devais enfermer la nourriture dans nos valises pour ne pas qu’elles colonisent tout. Je n’ai pas voulu rester dans un appart pareil. Le proprio n’a même pas respecté nos demandes. Parce que oui, encore une chose : lorsqu’on visite un appart, on demande à ce que des choses soient changées (genre la robinetterie dégueulasse, les portes de placards qui ne ferment pas) et le proprio ainsi que l’agent immobilier baisent vos pieds : Évidemment que tout sera changé ! Évidemment que le carreau sera réparé ! Évidemment qu’on va nettoyer le noir au mur (l’appartement ayant faillit brûler, il y avait de la suie aux murs) ! Évidemment qu’on va virer les portes bouffées aux termites !

Bon, on est d’accord, ça n’est jamais fait. Ils nous baladent et finissent par nous dire que « non, le mur ne sera pas nettoyé parce que la propreté c’est « en fonction de chacun » (en fonction de chacun ça veux dire que vous pouvez cuisiner et mettre du gras au mur, chier à côté du toilette et manger par terre tout en laissant l’occupant suivant le soin de nettoyer votre caca). Bref, aucun des travaux (pas grand chose hein ! Changer un robinet, remettre un aimant à une porte de placard) que nous avions demandé n’a été fait. Ça, plus les rats qui pissaient et chiaient partout (même sur les plans de travail), les termites qui menaçaient nos meubles et les fourmis qui s’insinuaient dans toute notre nourriture, nous avons décidé de passer notre chemin.

On a donc fait des frais pour cette appart où nous sommes restés 5 jours. Pour ces 5 jours, le proprio nous a fait payer 37 € d’eau et d’électricité. Pour info, dans notre nouvel appart on a payé 6 € d’eau pour 3 mois et 45 € d’électricité pour 1 mois (avec la clim, ce que nous n’avions pas dans le 1er appart). Voilà, voilà, les bons pigeons !

Pour avoir un logement abordable nous avons dû nous éloigner de la « zone 4 », autrement dit la zone des expats où les logements sont minimum à 1050 € et nous exiler « de l’autre côté du pont », c’est-à-dire à Cocody où les loyers sont sensiblement moins cher. Pour 600 € nous avons une cuisine semi-équipée, un salon/salle à manger, un balcon (aussi grand que ma chambre à l’AFPA), 2 chambres gigantesques avec 2 salles de bain et un toilette en plus. Le balcon donne sur la lagune (c’est beau) et l’immeuble est neuf donc l’appartement est nickel. Du coup, bon c’est vrai que les embouteillages pour aller bosser sont casse-pied mais franchement, on ne regrette pas. Ici, il y a moins de circulation, moins de bruit, moins de personnes qui nous demandent de l’argent. Ça fait un peu plus « bourg » que capitale. J’ai fait connaissance de femmes ivoiriennes dans les maquis et les gens du quartier commencent à me reconnaître et me dire bonjour. Ça, ça fait plaisir !

Autre aventure, l’achat d’une machine à laver d’occasion. Nous sommes passés par un petit « revendeur ». Ne faîtes jamais ça ! J’ai eu 3 rendez-vous avec ce mec (parce que la machine livrée ne fonctionnait pas) et la 1ère fois il avait 3 h de retard, la 2ème fois, 1h30 et la 3ème fois, il n’est pas venu. La machine qu’il nous a vendu était dégueulasse, pas nettoyée et ne fonctionnait pas. Le « technicien » qui l’accompagnait n’a jamais su ce qu’elle avait (en fait après réflexion et après avoir vu une autre machine avoir le même problème, elle devait être bouchée au niveau du tuyau d’évacuation).

Bref, ce qui a bien tourné par contre c’est la livraison de notre container (ah mon matelas… qu’il me manquait !) qui nous est arrivé le lendemain de notre 2ème aménagement. On a eu des meubles (télé, table basse) en carton pendant quelques jours mais globalement, on arrive à aménager petit à petit.

Le jour où nous avons eu un peu d’argent, on a acheté un meuble de rangement qui fait aussi meuble télé et une table de salon (qui fait aussi bar ^^). On a acheté ça chez « Orca », le roi du plastique et du made in China. On a demandé si la livraison et le montage était compris dans le prix, « oui oui bien sûr », comme partout et comment nous serions avertis de la livraison « par téléphone, ne vous inquiétez pas ».

Bien. Le lendemain on part visiter un quartier. Devinez qui m’appelle pour me dire qu’ils sont en bas de l’immeuble prêt à nous livrer ? J’ai un peu râlé en disant qu’ils auraient dû nous prévenir avant et que nous n’étions pas là. Réponse : on a chargé le camion ce matin. Bon, je ne sais pas ce que ça signifiait mais le fait est que nous étions loin. J’appelle donc Doumbia qui nous a bien aidé jusque là (il s’occupe des aménagements supplémentaires dans tout l’immeuble et il avait la clé de chez nous) afin qu’il guide les livreurs. Je lui demande également s’il peut rester avec eux pendant qu’ils montent les meubles. Il accepte (ce mec est une perle) et nous ne revenons que le soir, vers 19h. Et là nous découvrons que les meubles ne sont pas montés ! J’appelle donc les livreurs et je leur passe un savon. Réponse : « c’est pas nous là, c’est les libanais, on n’a pas à faire ça ». (Orca est tenu par des Libanais et ils ne sont pas très appréciés des autochtones). Doumbia arrive et m’explique que les mecs n’ont pas voulu monter les meubles. Je m’y suis donc attelé avec mon compagnon. Il fallait une perceuse pour les monter. Évidemment je ne suis pas si bien équipée, je n’avais qu’une toute petite viseuse et j’ai dû fabriquer des trous avec la pointe d’un couteau, histoire que les vis ne dérapent pas. Bref, la notice disait 20 minutes de montage seul. A deux on a mis 1h30. Parce que les trous n’étaient pas fait, que les emplacements pour faire les trous n’étaient pas indiqués ou juste parce qu’ils n’étaient pas au bon endroit. Autant vous dire qu’on ne retournera pas chez les vendeurs de chinoiserie.

J’ai découvert un vendeur de meuble, électroménager pas loin de chez moi, qui livre et monte les meubles. Même si on paie surement plus cher qu’ailleurs, je n’ai pas besoin de me taper des embouteillages et payer 8 € de taxi pour trouver un four, une chaise ou un meuble.

A présent donc, on sait où trouver de quoi équiper la maison, de quoi se soigner, manger et recharger nos téléphones et internet. Nous sommes enfin chez nous !

Avoir sa carte de résident

Afin de pouvoir rester plusieurs années ici, nous avons dû demander notre carte de résident. Ahhh mais quel parcours merveilleux pour obtenir ce sésame !

Si vous avez un travail et un employeur ici, en CI, ça n’est pas trop compliqué. En revanche si, comme moi, vous n’êtes « que conjoint », il faudra que votre compagnon fasse un « certificat de prise en charge » (quel document magnifique !) attestant que oui, oui, ce dernier s’occupera de vous et vous donnera de quoi vous sustenter. Ça, vous pouvez le faire chez vous, mais ensuite il faut aller le faire certifier à la mairie de votre commune (ils adorent faire certifier les documents ici) afin d’attester que personne ne se fait avoir dans l’histoire (en fait mon compagnon y a été tout seul et on ne lui a même pas demandé ma pièce d’identité).

Une fois que c’est fait, il faut aller au bureau de l’ONECI (attention, il y en a autant que de quartier et ils ne font pas tous la même chose et il n’est noté nulle part qui fait quoi. En gros il faut se pointer dans l’un des bureaux et si ça n’est pas le bon, on vous expliquera comment aller à celui qu’il faut) avec tout un tas de documents qui ne sont pas forcément indiqués sur la liste des documents à amener (tellement pratique !). Globalement, prenez tout ce que vous pouvez en photocopie, même si vous imaginez que cela ne vous servira pas. Ça servira.

Moi, il manquait mon extrait de casier judiciaire vierge (il n’était pas noté que j’en avais besoin). L’agent a donc engueulé mon compagnon « et pourquoi vous ne lui avez pas pris, si on vous le demande à vous on le demande aussi pour elle » comme si je n’existais pas et que je n’étais absolument pas en face de lui. Cela m’a un peu gonflé mais vu qu’à ce moment là, je venais d’avoir le Covid (#leretour), je n’avais pas le force de lui dire que n’étais capable d’avoir une conversation avec lui. Bref. Il nous explique qu’on m’appellera pour me dire qu’il manque un document et que je dois attendre cet appel pour amener le papier.

Je vais lever le suspense tout de suite : je n’ai jamais été appelé. J’ai quand même contacté l’ONECI pour leur en faire part et expliquer que bon, ça m’inquiétait un peu parce que je devais bientôt rentrer en France.

Comme à chaque fois : aucun problème ! Bon, vous vous doutez bien que si, on a eu des problèmes…

Naïfs, nous n’avons donc pas été chercher notre carte de résident pour 3 mois, nous avions un petit récépissé avec notre nom, prénom, numéro de téléphone et de demande. Un truc que j’aurais pu imprimer de mon ordinateur. Mais bon ! Lorsque nous sommes passés à la douane ivoirienne (en repartant en France) j’ai demandé textuellement « Est-ce que ce petit récépissé sera suffisant pour revenir ou est-ce qu’on doit repayer un visa ? », ce à quoi le douanier m’a répondu « Non madame, vous avez déjà payé votre demande de carte de résident (350 € en passant) donc vous n’avez pas à demander un visa, ça sera suffisant ».

Et bien nooooon !!!! Étonnant n’est-ce pas ?!

Le retour en France

Alors, ce petit passage est, je crois, l’un de mes préférés parce que ça montre quand même combien on s’accroche à rester ici alors que financièrement, nous n’avons jamais été autant dans la merde.

Retour sur les faits.

Nous avions notre avion qui décollait pour la France le 18 décembre 2021 à minuit et des brouettes. On passait par le Portugal. La veille nous avions reçu un mail nous annonçant que nous pouvions enregistrer nos bagages en ligne sur le vol Lisbonne-Paris mais pas celui avant. Cela aurait dû nous mettre la puce à l’oreille mais comme on avait été voir les départs sur le site d’Air Portugal et que notre avion Abidjan-Lisbonne était indiqué, nous n’avons pas cherché plus loin. Les naïfs !

On se pointe donc à l’aéroport et là-bas, avant d’aller aux comptoirs, il y a un « tri » pour qu’il n’y ait que les voyageurs qui aillent jusqu’au comptoir, donc ceux qui n’ont pas de billet ne vont pas plus loin. Je montre donc mon billet, le test PCR, l’attestation sur l’honneur et toutes ces conneries. Et là le policier me dit « Ah mais madame, votre avion ne décollera pas. Il y a plusieurs mois que TAP Portugal ne vient plus en Côte d’Ivoire. Vous ne prendrez pas l’avion ce soir ».

Je crois que mon cerveau a eu ses connexions neuronales qui se sont mélangées. J’entendais ce que le monsieur me disait mais pour moi, ça n’était pas concevable qu’une compagnie aérienne ne se pointe plus dans un pays sans prévenir ses clients (je suis vraiment une bonne poire, sérieusement !) et je refusais de le croire. Mon compagnon ne comprenait pas non plus et il n’arrêtait pas de me dire « Je l’ai vu le vol, il était indiqué sur le tableau, ça n’est pas possible ». Bon, je suis comme Saint Thomas et je ne crois que ce que je vois donc j’avais des doutes. Sauf que ce soir là, tous les collègues de mon compagnon prenaient leur avion et ils ont tous vu notre vol affiché.

On explique donc ça au policier, qui jette un coup d’œil accablé/colère à son collègue et nous dit d’aller voir les informations. On nous confirme que les vols de la compagnie sont tous annulés depuis des semaines et que les deux bureaux de TAP Portugal sont fermés depuis des semaines également.

On essaie de trouver des billets pas trop chers pour partir mais n’ayant pas droit à un découvert avec notre carte bancaire locale (carte gold hein ! sinon ça ne serait pas drôle), que mon compagnon n’a pas de carte bancaire française et que la mienne ne va pas au delà de 500 € de découvert… c’est compliqué. On appelle donc notre famille pour savoir s’ils peuvent nous avancer l’argent mais bon il est minuit en France et entre ceux qui ne répondent plus, nous disent qu’ils n’ont pas le temps de nous aider ou ceux qui sont à sec… on décide de repartir dormir dans notre appartement et de voir le lendemain. Ce soir-là, nous nous sommes sentis bien seuls et je me dis qu’heureusement qu’il n’y avait pas d’urgence genre « quelqu’un est mourant » ou « on est tellement malade qu’on rentre se faire hospitaliser en France » parce que clairement, on ne pouvait compter que sur nous même.

Bref, le lendemain, on arrive à acheter un billet d’avion (qui passe par Dubaï…) rentrant dans notre budget (on a failli passer par l’Éthiopie mais après 2 minutes de réflexion, on s’est dit qu’on n’allait peut-être pas tendre la perche aux emmerdes) et nous voilà parti, soulagés d’avoir un vol.

Haha !

Nous voilà donc arrivés à l’aéroport, on enregistre les bagages, on s’apprête à monter dans l’avion et là, qu’entends-je dans les hauts-parleurs ? « Le passager Myriam DG est demandé à l’accueil ». Évidemment, mon cœur a bondi, je demande à l’accueil qui est à 10 mètres ce que je dois faire et où je dois aller. On reviendra plus tard sur le fait qu’ici, les gens ne sont pas formés et en on clairement rien à foutre de vos ennuis. Mais vraiment rien à cirer. Je me débrouille pour trouver quelqu’un qui puisse répondre à mes questions et ce sont finalement les douaniers qui débarquent.

« Madame nous avons trouvé quelque chose dans votre valise, c’est interdit par la loi ». Et là mon compagnon me dit « C’est la dent ».

Là encore, mon cerveau a cessé de fonctionner et j’ai commencé à hyperventiler de stress : si on ne prenait pas cet avion, on ne rentrait pas en France. Je suis les douaniers, mon compagnon aussi, et ils nous expliquent que les dents de phacochères sont considérées comme des trophées et qu’ils sont interdits de chasse, de vente et d’exportation depuis 1964 (j’y croyais moyennement, vu que je me doutais dès le début qu’ils cherchaient à nous faire raquer mais, si si, la dent de phacochère est considérée comme de l’ivoire, donc interdiction d’en transporter.).

Mon copain avait voulu acheter ça à mon père qui est chasseur. A la base le vendeur voulait lui vendre une fortune et j’ai un peu râlé, du coup mon copain a réussi à descendre le prix de 3/4 (ce vendeur nous a vraiment pris pour des pigeons). J’avais même dit à mon copain « Tu es sûr que ça passe à la douane ? J’ai un doute ». Et le vendeur, évidemment, n’allait pas aller dans mon sens et me dit que c’était autorisé (sans exagérer je crois qu’il avait bien 40 trophées sur son stand).

Bref, nous voilà donc avec les douaniers qui commencent à nous dire que l’amande est entre 40000 et 400000 f CFA (60 / 600€), que normalement ils doivent nous accompagner au ministère (je ne sais plus lequel) pour nous faire payer ladite amende mais si on fait ça, on loupera notre avion alors il fallait trouver une solution. Bon, on a tout de suite compris qu’ils voulaient un bakchich. Là, je commence vraiment à paniquer parce que notre avion nous attend et qu’on a déjà perdu de l’argent. J’explique donc avec des sanglots dans la voix qu’on a plus d’argent, que nos parents ont dû payer notre billet d’avion et que c’est humiliant. Je leur dit « Regardez ce qu’il nous reste », on sort 5000 f CFA (7 €) et je finis par dire « Voilà, après ça on n’a plus rien du tout » (et clairement, ça n’était pas exagéré). Je crois qu’ils ont eu pitié de moi et ils nous ont laissé partir. Avec la dent de phacochère.

J’ai croisé les fesses et serré les doigts tout le long du voyage. En arrivant en France, ma mère me dit « C’est bien vous êtes arrivés! ». Je lui ai répondu que je ne crierai victoire que lorsque je serai chez elle.

Entre le moment où nous sommes partis de notre appartement et celui ou nous sommes arrivés chez mes parents, il s’est passé 28h. Même en allant en Inde, au Vietnam ou à Madagascar, je n’ai JAMAIS fait un voyage aussi long et aussi merdique.

Le seul avantage c’est que nous avons pris Emirates en compagnie aérienne et c’est vraiment une chouette compagnie. On n’a fait que de manger (5 fois pour 3 décollages) et on avait vraiment de la place pour nos jambes (mon compagnon fait 1,90m, ses genoux ont apprécié). Par contre, en arrivant à Dubaï, moi qui m’attendais à un aéroport de dingue, j’ai trouvé un aéroport moche, sans indication et où c’était compliqué de trouver des toilettes. D’ailleurs, à cet aéroport on a eu encore une petite frayeur parce que j’ai dû repasser avec ma carte d’embarquement parce que quelque chose n’allait pas (je n’ai jamais su quoi).

Le retour en Côte d’Ivoire

Il avait été décidé, pour toute sorte de raison, que je ne repartirai pas en même temps que mon conjoint. Heureusement ! Vous pensiez qu’on était dans la merde ? Vous n’avez encore rien lu.

Déjà, son avion a été annulé (il devait passer par le Maroc et ce pays a prolongé la fermeture de ses frontières). Il a trouvé un vol qu’il a dû changer puisque le 1er ou même le 2 janvier en France il était impossible de trouver un endroit pour faire un test PCR, les laboratoires étant fermés (pensées pour toutes les personnes expatriés ou étrangères qui n’ont pas pu prendre l’avion et voir leurs proches sur le point de décéder pour une histoire de fermeture de laboratoire).

Le voilà donc parti avec 2 jours de retard. Son vol faisait Paris-Bruxelles, Bruxelles-Abidjan. Je l’emmène au TGV, qui l’emmène à Paris, il prend l’avion jusque Bruxelles, ça se passe bien et au moment de monter dans le deuxième avion, l’hôtesse lui dit « Ah mais non monsieur, le récépissé que vous nous montrez là n’est pas valable » (pensée pour le douanier ivoirien qui nous avait affirmé le contraire). Mon compagnon essaie de s’expliquer et surtout d’avoir des explications mais les hôtesses et stewards lui tournent le dos et « démerde-toi ». Ah non, j’exagère, ils lui ont proposé de repartir en France avec un vol soit en passant par l’Allemagne, soit par la Suisse mais, pour l’un comme l’autre, il devait remplir un formulaire pour le suivi à cause du Covid et surtout le dernier vol n’arrivait à CDG qu’après 21 h… à l’heure où il n’y a plus de train pour rentrer. Bref. De plus, le fait qu’à Paris l’hôtesse n’ait pas vérifié son justificatif de voyage et l’ai laissé prendre son avion, paraissait normal pour tout le monde (hors, ça ne l’est pas !). Je lui ai dit qu’on allait repayer un billet de TGV, que j’irai le rechercher mais qu’il ne fallait pas qu’il reprenne un vol vers l’Allemagne ou la Suisse, qu’avec les restrictions et les emmerdes qu’on avait eu, il ne fallait pas tenter le diable.

Bon, on a perdu au moins 650 € dans cette affaire.

Il a fait une demande de visa en bonne et due forme, demande qui a été refusée sans explication. Pour avoir des explications, il fallait appeler l’ambassade de CI en France. Ce que nous avons fait au moins 25 fois. Personne n’a jamais répondu. Comment font les ivoiriens qui se retrouvent dans la merde dans de pareilles circonstances ? Qui les aide si l’ambassade ne répond pas ? J’ai vraiment eu de la peine pour eux, ils doivent se sentir bien seul ! De plus, le mail que nous avons envoyé n’a jamais eu de réponse. A qui s’adresser alors ?

Finalement, grâce aux conseils du premier secrétaire du consul français en CI, mon compagnon a pu dépatouiller cette histoire et comprendre que c’est à cause de la demande de carte de résident que sa demande de visa était bloquée.

A chaque fois que je repense à cette histoire, je me félicité d’avoir reporté mon retour en Côte d’Ivoire ! Nous aurions vraiment perdu énormément plus d’argent.

D’ailleurs, les billets de la TAP n’ont toujours pas été remboursés (évidemment personne ne répond à nos mails et nos demandes) et Royal Air Maroc n’a rien remboursé non plus. Quand tout sera démêlé, je pense que nous pourrons nous acheter TOUS les meubles qu’il nous manque dans notre appartement. Et il en manque un paquet !



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