Mes aventures médicales

Il y a quelque temps, un lundi, j’ai commencé à ressentir des douleurs au ventre, comme un point de côté. Ça m’arrive de temps en temps et je n’y ai pas trop prêté attention, sachant que c’était le soir et qu’en temps normal, le lendemain je n’ai plus rien. Ce qui m’embêtait le plus c’est que depuis plusieurs jours je toussais et ça, ça me réveillait la nuit : foutue clim !!! Heureusement j’avais du sirop antitussif et je pouvais me rendormir.

Toutefois, j’étais quand même bien bien fatiguée avec l’envie de ne rien faire de mes journées (depuis un certain temps). Mais bon, la veille j’avais fêté mon anniversaire avec 40 invités, les 3 semaines précédentes avaient été éprouvantes parce que je commençais un nouveau travail donc je ne me suis pas plus inquiétée de ça.

Le lendemain j’ai eu ce point de côté toute la journée. Les antidouleurs avaient autant d’effet qu’un Smartie et je devais inventer tout un stratagème pour prendre ma respiration sans que la douleur au ventre ne me transperce jusqu’au dos. Ça me faisait un mal de chien. Le soir j’étais encore plus mal et oh, surprise, de la fièvre ! Il faut savoir que je ne fais JAMAIS de fièvre. La dernière fois remontais à 15 ans auparavant, lorsque j’avais eu une angine. Mon corps est résistant et même lors de mes 2 covid, je n’ai pas eu un brin de fièvre. Du coup, lorsqu’elle a monté de 0.5° en 1h, je me suis inquiétée surtout qu’en Cote d’Ivoire fièvre = paludisme. J’avais 2 de tension et j’étais allongée parce que clairement, je ne pouvais pas tenir assise. J’ai donc appelé le médecin d’urgence : SOS Abidjan. C’est génial. On envoie la localisation de notre emplacement via whatsapp et 15 minutes après ils sont là. Oui, petite explication : ici nous n’avons pas d’adresse, il n’y a pas de nom de rue donc le meilleur moyen, c’est la géolocalisation (bon après notre emplacement est facilement trouvable du fait qu’on soit juste à côté d’une université).

Le médecin prend ma tension, l’oxygène dans mon sang et me pose un cathéter pour une prise de sang et l’envoi de médicament. L’infirmier ne savait pas franchement comment s’y prendre et il a essayé de me mettre ça à l’intérieur du poignet. Oh moment magique. Le truc ici, et je l’ai compris plus tard, c’est que les infirmiers veulent piquer dans une veine qu’ils voient, même si elle n’est pas géniale. Bon en l’occurrence là, la veine n’était pas géniale et ne donnait pas de sang. Il m’a donc repiqué sur la main. 2ème moment magique. Là on me prend mon sang pour faire un bilan (dont le palu), je reçois donc des antidouleurs (ça m’a soulagé mais j’avais toujours mal), des antispasmodiques et le médecin repart avec ses 2 infirmiers au bout d’1h. Le retrait du cathéter de ma main a été le 3ème moment magique. Je ne sais pas ce qu’il a fait mais boruahdjzhfebjezv,ef ^ùqsz,a » (jurons censurés), ça m’a fait un mal de chien et j’ai rarement eu aussi mal. Quelle brute.

Petit point sur l’argent. En CI avec mon compagnon nous avons la CFE, qui est une caisse d’assuré sociale mais nous devons avancer l’argent à chaque fois qu’on consulte. Je savais que la consultation d’urgence avec ce médecin coûtait 45000f cfa (67,5€) mais il y avait en plus les médicaments, la prise de sang et l’analyse au laboratoire à payer. En tout on devait payer près de 120000f cfa soit 180€. Clairement, on n’avait pas cette somme en liquide à la maison et la chance que j’ai eu c’est que je connaissais un homme qui bossait pour cette boîte. Prononcer son nom m’a donné le droit de faire crédit et a évité à mon compagnon d’aller faire le tour des distributeurs de banque de la ville pour retirer la somme utile (oui, ça arrive très souvent que les distributeurs soient à sec et il faut parfois attendre quelques jours ou en trouver un autre pour avoir de l’argent). On a donc avancé le prix de la consultation et nous sommes allés payer le reste le lendemain.

160€ plus tard, le médecin ne savait pas si c’était gynécologique (lui pensait que c’était le cas mais vu où j’avais mal, j’en doutais fortement) ou si c’était le pancréas (et là je préfèrerais un problème gynéco). Il m’a prescrit une échographie abdomino-pelvienne et m’a dit de suivre ma toux (sans m’examiner ou écouter mes poumons. Ça m’aurait surement évité la suite).

Le lendemain je vais donc faire mon échographie, où le médecin ne trouve rien à part « énormément de gaz dans les intestins » et me facture ça 75€.  J’ai toujours mal mais moins que la veille et j’ai mieux dormis aussi alors je pense que ça va se passer. Je reçois aussi les résultats de ma prise de sang : pas de palu, pas de dengue, rien au pancréas mais je remarque quand même qu’il y a des taux élevés et qui pourrait signifier une infection ou autre.

Le soir même, allongé sur le lit, j’essaie de me lever et là, une douleur me transperce le dos, le ventre, je ne sais pas où tellement j’ai mal partout. Je suis obligé de m’accrocher au meuble pour marcher me traîner. Après avoir pris du sirop contre la toux, je remarque que j’en ai mis plein le lit et qu’on doit changer les draps. Enfin, « on ». Mon copain surtout parce que je ne peux pas me mettre debout et je suis obligé de rouler sur le lit jusque par terre pour en descendre. Je remonte sur le lit à 4 pattes en faisant une sorte d’escalade et je me rends compte que cette petite aventure m’a crevée. Ça surement aussi le fait que je mange à peine depuis 3 jours. Mon mec me lâche à ce moment-là « non mais c’est pas des prouts coincés dans tes intestins qui peuvent te faire mal comme ça ». On est d’accord.

Le lendemain, après avoir toussé comme une damnée (saloperie de climatisation !) toute la nuit (même si l’antitussif a un peu arrangé les choses) je fini par aller aux urgences dans la meilleure clinique de la ville (je flippe un peu concernant mon pancréas, quoiqu’en dise les résultats).

Là je suis aussitôt prise en charge. Un infirmier me pose un cathéter, il parle à peine français alors les échanges sont compliqués mais il s’excuse sans arrêt du mal qu’il pourrait me faire. Je commence à avoir des antidouleurs (toujours aussi efficaces que des smarties) mais un agent hospitalier se précipite à mon chevet dès que je dit « aïe » (et croyez-moi, je le dit très souvent). Après mes explications, (à plusieurs médecins), on me prescrit un scanner thoracique/abdominale histoire de voir tout ce qu’il se passe au-dessus de mon bassin.  A 12h30 on m’apporte à manger (et ça n’était pas dégueu et surtout très copieux). J’ai dû attendre de passer le scanner pour manger mais même après 15h, c’est bien passé : moi qui m’étais pris 3 petits gâteaux pour survivre, j’ai eu droit à un vrai repas avec entrée-plat-dessert. Je passe le scanner, j’attends et je vois une infirmière venir et me dire « bon, on vous a préparé une chambre, on va vous monter bientôt ». Ah, le résultat de la prise de sang et du scanner ne sont pas bon alors. Évidemment, elle n’a pas pu répondre et m’a dit que le médecin viendrait me voir. Le médecin arrive et m’annonce qu’il semblerait que j’ai des diverticules inflammées. Il commence à m’expliquer ce que c’est, je le coupe en lui disant que ma mère a eu ça et que je vois très bien de quoi il parle (je me souviens qu’elle était restée 1 semaine à l’hôpital et avait eu un régime draconien par la suite. Mon horizon s’assombrit en pensant à ça). Bon au moins mon pancréas va bien.

Je suis amené en chambre où après 30 minutes à peine 2 nouvelles médecins se pointent (j’en ai déjà vu 5) et là, après avoir confirmé le diagnostique sur mes intestins, la doctoresse m’annonce (et ça je m’y attendais PAS DU TOUT) qu’en plus de ça, il semblerait que j’ai une infection au poumon gauche. Ah. Ah ça explique bien des choses ! Donc je vais avoir droit à 2 antibiotiques différents pour mes 2 différentes infections. Je suis comme ça moi : je ne fais pas les choses à moitié et quitte à payer, autant que ça vaille le coût/coup.

Je fini par voir le médecin qui me parle des diverticules et me dit qu’il n’est pas trop sûre que ce soit ça, c’est peut être autre chose mais dans les 2 cas, ça n’est pas grave et c’est le même traitement. Je vois ensuite le pneumologue qui me pose tout un tas de question pour savoir d’où peut venir mon infection : avez-vous respiré de la poussière (question pertinente vu qu’à Abidjan on bouffe de la poussière à longueur de temps lorsqu’on est dehors), avez-vous mangé des noix ( ??) bu des boissons brûlantes ou glacés ( ???) et le must est ce que votre maison est humide. Ma réponse : comme partout à Abidjan. On a 70° d’humidité à longueur d’année alors oui, je suis exposée à l’humidité. Bref, on ne saura pas d’où ça vient. J’ai 2 séances d’aérosol à faire et honnêtement, je n’ai pas eu l’impression que ça me faisait grand chose.

Bon j’ai un peu gueulé parce que j’ai été en chambre à 16h30 et naïve que je suis, je pensais avoir mon traitement aussitôt mais j’ai dû attendre 19h30. Heureusement que ça n’était pas grave.

Toutefois, je me félicite de ma prévenance : en partant le matin j’avais prévu des affaires pour le cas où je resterais. J’avais donc un paquet de livre et des vêtements. J’ai attendu le soir en regardant la télé avec ma voisine. Le soir mon compagnon vient me voir après le boulot : il est complètement à plat et bien fiévreux. Il dort à moitié et ne reste pas bien longtemps. Allons bon, encore un malade.

La nuit se passe. Je tousse TOUTE la nuit (et, pour votre information, dans le cas d’une infection au poumon il ne faut JAMAIS prendre du sirop antitussif : ça empire l’infection) et je demande intérieurement pardon à ma pauvre voisine. Le lendemain matin quand je lui présenterai mes excuses de vive voix elle me dira qu’elle comprends et qu’elle a quand même dormis. C’est déjà ça. Et lorsque je verrai le pneumologue qui me dira « je ne vous ai pas donné votre sirop parce que ça empêche de dormir », je rigolerai un peu.

Concernant mon traitement, j’ai tout eu par intraveineuse. 6 fois 2 antibiotiques différents en 36 heures (pétard à roulette, j’en ai même demandé des antidouleurs pour ma veine tellement j’avais mal. 1 mois après l’emplacement était toujours jaune). L’un d’eux m’a fait tourner de l’œil lors de la 1ère injection : l’infirmière a tout balancé d’un coup dans mes veines et ça m’a donné des vertiges et des nausées en même temps. Ensuite pendant la nuit une infirmière est venue me réveiller parce que le tuyaux du cathéter étant très long, je m’entortillais avec et le traitement ne passait plus. Petit point sur les infirmières : elles étaient géniales. Pour me réveiller (à chaque fois que j’étais entarabiscotée avec le cathéter) elles me touchaient l’épaule ou le dos tellement doucement que j’étais à peine sûre que quelqu’un m’avait touché. Je crois que si une feuille d’arbre me tombait dessus, je ressentirais autant de poids. Rien à voir avec les infirmières françaises que j’ai connus et qui braillaient dans la chambre dès qu’elles entraient (à force de travailler avec des vieux, on s’imagine que tout le monde est sourd comme un pot ^^) .

Bref. Le vendredi je passe ma matinée à dormir (pour me rattraper de ma nuit), mon copain vient me voir : lui va toujours aussi mal et se tape des migraines. Je lui dis d’aller aux urgences 2 étages plus bas pour vérifier ce qu’il a. Évidemment il refuse et me dit qu’il va faire un test palu (qu’il n’a pas fait) en rentrant.

Je vois la médecin générale qui me dit qu’elle pense me faire sortir le lendemain : oh joie oh bonheur. Je n’ai plus mal, j’ai assez d’antibio dans le corps pour ne plus tomber malade pendant 5 ans et je m’ennuie alors autant rentrer.


La suite au prochain épisode! (en vrai l’article est bien long et j’ai peur de vous perdre)



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