13 novembre, journée de la gentillesse

Lorsqu’il y a eu les attaques contre Charlie Hebdo, j’étais à Madagascar. J’ai été choquée que des gens puissent s’attaquer à notre liberté de penser et d’agir. J’étais dans un pays où lorsqu’un manant manifeste, il est envoyé en tôle, alors.. la liberté de penser et de se révolter je vois à peu près ce que c’est.

J’ai été si choquée que j’ai envoyé un mail à ma famille, me demandant si j’étais la seule à me sentir si mal. Mes tantes, mes cousines, ma sœur m’ont répondu et m’ont fait sentir plus fort, entourée d’amour et de respect.

Depuis ce jour j’ai repensé à toutes les petites actions de gentillesse que des personnes ont eu envers moi, sans rien me demander en retour.

  1. En France, novembre 2014, lorsque je suis allée au bureau de l’association Médecin d’Afrique Aline, la responsable du bureau, m’a accompagné jusqu’au bus et donné un ticket de transport pour que je puisse repartir chez moi. Elle venait de faire au nom de Médecin d’Afrique un don de médicament pour ODADI.
  2. En Inde, mars 2011. Rakka m’a accueillit chez elle, elle m’a acheté une glace, des petits gâteaux juste pour avoir le plaisir de discuter avec moi.
  3. En France, juillet 2015, j’errais dans le métro, ne sachant plus lequel je devais prendre et une inconnue s’est approché de moi me demandant si j’avais besoin d’aide. Madame, si un jour vous me lisez, merci. Votre gentillesse m’a profondément touché.
  4. En France, lorsque je suis revenue de Madagascar je n’avais aucun moyen d’aller de l’aéroport à la gare. J’avais 58kg de bagages, 200€ sur mon compte, pas de boulot, côté finance ça n’était pas top, hors de question de prendre un taxi. Et puis j’ai fais confiance au destin. Lors de l’escale au Kenya j’ai échangé 2 phrases avec un franco-malgache. Je l’ai retrouvé à l’arrivée, à l’aéroport. Il n’arrivait pas à joindre son fils, son téléphone ne fonctionnait pas. Je lui ai donné le mien, il m’a demandé où j’allais, si j’avais besoin d’être déposé quelque part. Je lui ai répondu que j’allais à la gare de l’Est mais que s’il n’habitait pas dans le coin je ne voulais pas le déranger. Et il m’a répondu « on va faire un détour ». Son fils et lui m’ont amené jusqu’à la gare et m’ont aidé à transporter mes 58kg de bagage sur le quai. Monsieur, si vous me lisez, vous n’imaginez pas combien votre aide m’a ému.
  5. Sur l’île de Sainte Marie, à Madagascar, le jour du 31 décembre 2014 j’ai échangé avec un couple de réunionnais sur mon boulot, sur ODADI. Le lendemain, lors de mon départ, la dame est venue me voir, m’a donné de l’argent en me disant: « voilà, c’est de notre part et de la part du club de musique de mon mari, c’est pour votre association ». Madame, je n’ai pas eu l’occasion de vous remercier de m’avoir fait confiance de la sorte. Merci merci merci.
  6. En 2011 et 2015 lorsque j’ai fais un appel au don, Carole et Sophie ont répondu présentes pour me donner des habits pour des gamins du bout du monde
  7. En 2014 les femmes de brousse autour du centre Patrakala m’ont offert du riz dans une soubique pour me remercier d’être venu, alors que j’étais là justement pour les aider à trouver des solutions pour pouvoir manger tous les jours.
  8. En 2014, Marcelle, après avoir lu un article dans le journal sur l’association ODADI, a décidé de faire un don de 500€. Elle avait fait le chèque en mon nom et m’a écrit « si le projet ne se fait pas, gardez l’argent je sais que vous en ferez bon usage ». Alors que je ne la connaissait pas. Et elle a renouvelé l’expérience en septembre 2015. Sans que je ne lui dise rien.
  9. En 2011, en Inde, à Pushkar. J’ai discuté avec un chamelier qui m’a invité à manger avec sa famille le soir. J’y suis allée, il n’était pas arrivé, j’ai mangé avec sa femme et ses enfants. Ils vivaient sur le toit d’une mosquée en construction (et payaient un loyer!!). Lorsque ce monsieur est revenu, il a été m’acheter une bouteille d’eau minérale pour ne pas que je boive leur eau et que je tombe malade. Il a dépensé de l’argent pour moi alors qu’il avait peu d’argent pour envoyer ses enfants à l’école et se loger.
  10. Sur l’île de Sainte Marie, à Madagascar, en janvier 2015. Le soir je me suis retrouvée à 23h dans les rues, seule, sans endroit pour dormir, avec des hommes un peu bourré qui me faisait des clins d’œil. Là j’étais dans la merde. Et une jeune fille de 20 ans m’a dit « mais vient dormir chez moi! ». Je me suis retenue de la prendre dans mes bras parce que je ne savais pas trop si ça se faisait. Le lendemain je me suis sentis bête. Comment remercier une personne qui vous héberge et qui n’a pas d’argent pour étudier? Je lui ai donné de l’argent, elle n’en a pas voulu. Je lui ai répondu que si j’avais été à l’hôtel, j’aurai payé et qu’en plus sans elle j’aurai été à la rue et que cet argent elle le méritait. Quoi faire d’autre?
  11. En Inde, en 2012. A Agra, je suis tombée bien-bien malade et l’hôtelier où je logeais a été m’acheter les médicaments dont j’avais besoin, sans rien me demander.
  12. Lors de mes voyages, ma famille qui s’est mobilisée pour aider les associations que je soutenais, tout ça parce que moi je le faisais. Ils m’ont fait confiance et ça, ça n’a pas de prix..
  13. Tout le temps, mes amies qui me soutiennent et qui ont décidé de me suivre dans l’aventure de mon association, juste comme ça, parce que je leur ai demandé

Mon amoureux me dit que je vis dans un monde de bisounours, que je suis naïve de croire en l’être humain, de croire que l’être humain peut-être bon. Il est vrai que lorsque je vais lire les commentaires des personnes qui ont liker la page facebook de « la ptite française se rebelle », qui veulent défendre la France (avec plain de fote d’ortograf), mettre les musulmans dehors, enculer les djihadistes et souhaitent la mort de ceux qui ne pensent pas comme eux.. et bien c’est vrai j’ai des moments de doutes.

Lorsque il n’y a pas longtemps j’ai posté plusieurs message sur Fb quand au fait que je retrouvait beaucoup de racisme sur les réseaux sociaux, Astrid m’a dit : « Je pense que tu devrais faire le vide dans tes contacts Myriam avant de finir avec un ulcère.. Tu ne changeras pas les cons, garde tes forces pour ceux qui en valent la peine« . Elle a vraiment raison. Quand je lis tous ces messages de haines sur les RS, tous ces gens qui crachent leur méchanceté, appel à voter Marine Le Pen (comme si elle avait envie de nous sauver.. les gens sont quand même pas très futé ^^ c’est une femme politique, elle est comme les autres uns, elle veux le pouvoir!) racontent leur horreurs de voir ceux qui ne pensent pas comme eux déchiquetés par une kalash, j’ai envie de chialer.

J’ai envie de pleurer face à tout ça, à toute cette haine, parce que oui les terroristes ont réussi à faire quelques chose qui avait disparut depuis un moment de nos cœurs: la haine de l’autre, l’envie d’expulser loin ceux qui ne nous ressembles pas.

Alors je me raccroche à tous ces petits moments de gentillesse que des inconnus m’ont donné. C’est difficile ça je ne le nie pas. J’ai des moments de doute, beaucoup même. Je ne sais pas si mon amour sera assez fort pour croire en m’être humain, je ne sais pas si j’aurai la force d’avoir un jour des enfants et qu’ils grandissent dans ce climat de haine et de tension raciale. Je ne sais pas si j’arriverai à oublier tous ces commentaires racistes, xénophobe et incultes de ma pensée. Je ne sais pas si j’arriverai un jour à chasser de ma tête le fait que ceux qui ont des idées pareils les ont parce qu’ils ne sont pas éduqué, que la plupart font partie de la classe ouvrière pas assez intelligente pour voir la beauté du monde et trop bête pour croire tout ce que la télé nous raconte.

Moi aussi je suis intolérante en fait. Je suis intolérante envers ces hommes et ces femmes de mon âge, qui ont eu la possibilité d’être éduqués, d’apprendre à penser par eux même, qui ont été en classe jusque 16 ans avec une éducation scolaire pas trop mal, qui ont acquis les notions de liberté, fraternité, égalité et respect, qui une fois adulte se mettent des œillère et ne cherche pas à comprendre le fonctionnement du monde. Je suis intolérante contre ces incultes qui ne le sont que parce qu’ils le veulent bien.

Et pourtant.. pourtant je suis persuadée qu’a fond d’eux il y a une lueur de bonté et de gentillesse. Je suis persuadée que s’ils apprenaient à connaître et comprendre le monde, ils y a arriveraient et changeraient.

Pour me donner du courage je me relis (ouai je m’aime, mais il parait que commencer par s’aimer soi-même est un bon début pour aimer les autres!!), je repense à Nathalie FT qui m’a dit un jour « ne pense pas à ce qu’il y a de mauvais, à l’argent, à la gloire, à la haine, entoure toi de gens bon et entoure toi d’amour, c’est ce qui compte ». J’essaie de me dire que le monde est remplis de gens formidables, de gentils, de généreux. Le monde est remplis d’amour, il faut savoir le trouver et s’en entourer.

La gentillesse apporte la gentillesse. Idem pour l’amour, le respect, la tolérance.

Donnons nous de l’amour, en ce moment, nous en avons bien besoin.



1 thought on “13 novembre, journée de la gentillesse”

  • Si quelques uns de notre famille me lisent, ils vont pas y croire mais….c’est toi ma soeur qui a failli me faire pleurer d’émotion…. Magnifique (et le mot est bien trop faible!) ton article!

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